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Ce dernier pousse son raisonnement plus loin encore, en considérant l’hypnose comme un «soin de support», applicable en cancérologie et comparable à l’accompagnement psychologique. Un soin gravitant autour des procédés médicaux lourds, apaisant et accompagnant le patient au long de sa maladie et de son traitement. Il se focalise sur «la prise en compte de la douleur, de la fatigue» ainsi que sur les «difficultés sociales, la souffrance psychique, les perturbations de l'image corporelle et l'accompagnement de fin de vie».

 

Puisque l’hypnose relève plus du soin additionnel que d’une médecine à part entière, il est évident que tout praticien se doit de faire passer sa connaissance de la médecine avant celle de l’hypnose : tout hypnothérapeute est thérapeute avant d’être hypnotiseur, ne serait-ce que par sa connaissance de la relation entre médecin et patient.

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             rrivée au bloc et pose du cathéter, le temps rythmé par le goutte-à-goutte du paracétamol, comme une horloge dans la perfusion. Passage sur la table d’opération, puis décompte de l’anesthésiste, tandis que lentement les pensées se voilent et s’assombrissent… jusqu’au noir complet.

 

Un processus étrangement familier pour qui a déjà subi une anesthésie générale ; mais un processus en pleine évolution. De plus en plus d’anesthésistes ont recours à l’hypnose pour diminuer les doses de produits analgésiques injectées aux patients lors de la phase d’endormissement. En 2011, à l’occasion d’un congrès national d’anesthésie et de réanimation dont le compte-rendu a été publié par la Sofia (Société française des infirmier(e)s anesthésistes), il est expliqué que, lorsque l’hypnose «est associée à une sédation consciente intraveineuse et une anesthésie locale (si chirurgie), elle constitue une alternative à la sédation inconsciente ou à l’anesthésie générale.»

 

Si cette méthode, bénéfique à bien des égards, ne constitue pas une solution miracle, elle présente tout de même un nombre limité de contre-indications, comme le fait remarquer le CHU Mont-Godinne de Namur, en Belgique.

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         u sein de l’imaginaire collectif, hypnose rime avec spectacle ; des planches de la scène au pavé des terrasses de café, l’hypnotiseur spectaculaire est partout, et ses «Dormez, je le veux» résonnent comme autant d’échos sensationnels. Mais l’hypnose est bien plus que cela ; elle est un réservoir fertile, au sein duquel les médecins peuvent puiser, faisant naître tout un éventail de soins complémentaires. Amoindrir les douleurs liées aux opérations chirurgicales avec l’hypnoanalgésie ; minimiser le calvaire de l’accouchement grâce à l’hypnose gynécologique ; faire voir aux enfants une chirurgie à venir sous un autre angle que celui du scalpel avec l’hypnose pédiatrique… L’hypnose médicale, sans perdre en efficacité, est le couteau suisse des médecines non traditionnelles.

 

De la transe ancestrale au magnétisme balzacien, l’hypnose subsiste sous des formes différentes depuis que la conscience humaine existe, et les époques ainsi que les pratiques lui ont fait porter de nombreux noms. Cependant, sa reconnaissance officielle est extrêmement récente,  puisque l’Académie de médecine ne l’a reconnue qu’en mars 2013 ; la rangeant aux côtés de l’acupuncture, de l’ostéopathie et du taï-chi sur l’étagère des «thérapies complémentaires». Un terme qui «évite l’appellation tout à fait injustifiée de "médecines", et implique que ces pratiques ne sont que de possibles compléments aux moyens de traitement qu’offre la médecine proprement dite».

 

Rémi Étienne, infirmier en équipe mobile de soins palliatifs à l’Institut de Cancérologie de Lorraine, nous explique justement comment il utilise l'hypnose dans le cadre de sa pratique médicale. 

Contre-indications à l’utilisation de l’hypnoanalgésie

  • Surdité du patient
  • Graves pathologies cognitives
  • Allergies aux anesthésiques locaux

 

Effets bénéfiques de l’hypnoanalgésie

  • Absence d’effets indésirables
  • Récupération rapide
  • Diminution des douleurs postopératoires à court, moyen et long terme
    • Vécu d’une expérience agréable, ambiance détendue et calme dans la salle            d’opération
  • Économies en produits médicaux
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                 u’elle soit adressée par des sages-femmes, des obstétriciens ou d’autres professionnels du secteur, l’hypnose permet, selon Dominique Villa, sage-femme au Centre Hospitalier Universitaire de Nancy, d’«aider des femmes ayant eu une histoire obstétricale difficile».

Bénéfices de l’hypnose gynécologique

  • Soulager les craintes liées à la grossesse et à l’accouchement
  • Faire abstraction de «de difficultés aux examens vaginaux»
    • Combattre le tabagisme et, indirectement, aider les fumeuses à vivre une
          grossesse plus saine
  • Aider la mère à accoucher en réduisant le stress

Dominique Villa insiste particulièrement sur le fait que l’hypnose, loin d’être un phénomène magique, ne peut en aucun cas remplacer une péridurale, même s’il est toutefois capable de limiter largement la douleur de cette anesthésie particulière. «Pendant mes cours, quelques unes viennent en se leurrant, en disant “Je veux faire de l’hypnose, je veux pas de péridurale”. Mais c’est autre chose. Et souvent, après la naissance, j’essaie de retourner les voir et la plupart n’ont pas été traumatisées par cette douleur [de l’accouchement]. Qu’elles aient eu une péridurale ou non.»

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    ’hypnose, c’est comme l’alcool ou le sommeil : personne n'y réagit de la même manière. Le succès d'une séance d'hypnose dépend de la réceptivité du patient. Voilà la raison pour laquelle l’hypnose de spectacle est si sensationnelle : le rideau baissé, les hypnotiseurs opèrent un «pré-casting» sur leurs cobayes, sélectionnant méticuleusement les plus réceptifs, afin d’obtenir les résultats les plus exceptionnels lors de la représentation. 

 

Cette réceptivité à l’hypnose est encore plus importante chez les enfants, comme le constatent Margaux Bienvenu et Honorine Delivet, psychologues à l’hôpital Debré à Paris. «Ils sont dans l’imaginaire et ils n’ont pas les mécanismes de défense que développent les ados et les adultes. Ça rend les choses plus faciles, ils se lâchent plus facilement.» Cependant, elle précise que l’hypnose chez les enfants ne doit pas se faire avant cinq ou six ans, ceux-ci n’étant pas encore «cognitivement armés», notamment pour mettre des mots sur ce qu’ils ressentent.

 

Ainsi, une séance d’hypnose pédiatrique n’emprunte pas les mêmes chemins que l’hypnose pour adultes. Car il existe des moyens privilégiés, que tout parent connaît donc sans le savoir, pour plonger un enfant dans un état de transe profond.

«

Quoi de mieux pour fasciner un enfant que de lui raconter une histoire ?

»

En hypnose pédiatrique, les hypnothérapeutes se muent en conteurs. «On peut demander à l’enfant quel est son héros préféré», explique Honorine Delivet. «Si c’est Batman, alors à nous de construire quelque chose autour de ce personnage.» Et Margaux Bienvenu de confirmer. «Il faut que l’on soit créatif en tant que praticien, et que l’on ouvre notre imaginaire pour venir intégrer le monde du patient.» Ouvrir son imaginaire, improviser et conter, pour faire naître des aventures passionnantes. Pour apaiser l’esprit des plus jeunes, il faut redevenir jeune à son tour.

 

Bien entendu, l’hypnose pédiatrique possède aussi ses limites, bien qu’elle demeure une solution efficace pour attirer l’attention des jeunes patients hors du spectre de la douleur.

Limites potentielles de l’hypnose pédiatrique

  • Barrière de la langue, entre enfant et adulte
  • Troubles psychiatriques ou neurologiques
  • Handicap

Dès lors, l’hypnothérapie ne peut pas être utilisée à toutes les sauces : «Parfois, le dispositif médical rend la séance moins facile à mettre en place», rappelle Margaux Bienvenu. «Notamment s’il y a beaucoup de matériel ou beaucoup de soignants». Ainsi, que ce soit à l'hopital ou en dehors, l'hypnose ne saurait remplacer la médecine en elle-même et ne reste qu'un outil. Si elle n'est pas utilisée dans le cadre d'une thérapie en bonne et due forme, elle ne sera pas plus opérante que les bons vieux remèdes de votre grand-mère (sans vouloir l'offenser).

péridurale (n.f.)

La péridurale est une anesthésie locale pour permettre aux femmes de moins souffrir pendant l’accouchement.

academie-medecine.fr

L'Académie nationale de médecine est une société savante medicale située à Paris.

soin de support (gr.nom.)

Les soins de supports répondant à des besoins du patient pendant la maladie mais aussi et surtout suite à son hospitalisation

CHU Mont-Godinne 

Centre Hospitalier Universitaire de Namur (Belgique)

Dominique Villa

Sage femme au CHU de Nancy, Dominique Villa use d’hypnose pour aider les femmes, non seulement à accoucher dans la sérénité, mais également à mieux vivre leur grossesse.

Photo Dominique Villa
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Rémi Etienne

 

Fort de son cursus d’hypnoanalgésie au sein de l’Institut Français d’Hypnose (IFH), Rémi Etienne est passé de l’autre côté de l’estrade pour y devenir lui-même formateur. Il est également infirmier à l’institut de cancérologie de Lorraine.

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Magnétisme 


A la fin du XVIIIe siècle est théorisé, en Occident, le magnétisme animal (ou mesmérisme), basé sur le postulat de Franz-Anton Mesmer, médecin allemand affirmant qu’il existerait un fluide magnétique universel qui expliquerait l’état de transe.

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